Marie Coutant vocalise entre blues et folk, pour faire entendre ses mots de chanteuse fabuliste et réaliste, inspirée par l'ordre des sentiments et le désordre du monde.
Avec autant d'énergie que de détermination, elle brûle les planches et creuse son sillon, le sourire aux lèvres.Elle a débuté dans sa région, le Berry, s'en est évadée à l'occasion de nombreux concerts ; sans masque, ni apparat, son tour de chant révèle une artiste enthousiasmante.
Adolescente rebelle, Marie trouve auprès du MRJC (Mouvement rural de la jeunesse chrétienne) un environnement propice à l'expression, à l'action. Elle s'engage à sa manière dans l'éducation populaire. Commencent alors des tournées dans l'Indre, avec son frère et sa soeur: " On faisait des chansons d'inspiration folk, le répertoire de Maxime Le Forestier et de Graeme Allwright.. Des chansons faciles à re- prendre par tous. "
Parallèlement, le MRJC active sa réflexion sur la créativité en milieu rural. Marie apprend à construire des projets, l'association lui offre un cadre expérimental et, en 89, lui commande des chansons pour un rassemblement européen. A cette occasion elle chante - avec Tri Yann - devant huit mille personnes... On remarque sa voix, pure et bien placée, et son enthousiasme communicatif.
En 1991, c'est un premier concert encourageant à Châteauroux. Lors d'un stage, elle y rencontre Nathalie Manguy qui partage ses idées: " Pour moi, la chanson est surtout un moyen d'expression qui doit permettre une prise de conscience collective, afin d'évoluer vers une vie meilleure. " Elles créent alors l'association Histoires à écrire, afin de promouvoir la chanson dans l'Indre et en milieu rural.
Après le Printemps de Bourges en 1992 et un premier CD autoproduit, Marchand de sable, en 93 [cf. Chorus 9, p. 48], elle se remet en question. Elle ne veut pas que son spectacle soit seulement " une bande de copains qui jouent, avec une nana devant ". Elle doit s'imposer, défendre une éthique professionnelle avec une gestion saine et un positionnement précis. " On est responsable de ce que l'on écrit, de ce que l'on dit et de ce que l on porte en soi... "
Elle découvre Julos Beaucarne, Môrice Benin, s'imprègne des voix de Nougaro, Maurane, Sanson. Pendant cinq mois, une boulimie de travail l'entraîne au Studio des Variétés, à Paris. Elle revient enfin au pays, avec un conte musical qu'elle enregistre : Lili, la sorcière blanche [cf. Chorus 31, page 77] ,et un nouveau spectacle : Côté jardin côté cour.
Cyrille Peltier, venu du jazz-rock, de vient son nouvel arrangeur ; Arnaud Méthivier trouve le ton à l'accordéon. Marie multiplie les concerts ici et là, jusqu'en Pologne et Turquie, avec sa conviction et sa sincérité ; ce qui lui vaut d'être remarquée par le directeur du Festival de Marne (et producteur de Véronique Pestel), Jean-Claude Barens, qui produit son nouveau disque, A vivre... , à paraître en septembre. " La chanson doit dénoncer ou annoncer... C'est un moment de partage d'émotions, d'idées, de regards. C'est pour ça qu'elle doit rester à dimension humaine, à proximité! "
Michel TRIHOREAU
Contact scène: Histoires à écrire, 34 espace Mendes France, 36000 Châteauroux
(tél. 02.54.34.74.15 ou 05.58.90.07.71).
La voix pleine, volontaire et chaleureuse catalyse les mots, tandis que (accordéon multiple d'Arnaud Méthivier et la basse de Cyrille Peltier (il signe les arrangements et trois mélodies, dont deux avec Marie) leur insufflent des couleurs. On pense à Michèle Bernard ; c'est le même coeur à l'ouvrage humaniste, mais, côté forme, Marie Courant affirme sans conteste un talent très personnel, une féconde rigueur d'écriture.
Rien à jeter ici, donc. Il faudrait tout citer, de la révolte (" Côté jardin, côté cour ", " Un jeune clochard ") à la tendresse amoureuse (" Huis clos ", " Le tour de ma maison "), en passant par l'évasion salvatrice dans l'imaginaire (" Je fabule "). On pourrait aussi remarquer que sans avoir l'air d'y toucher, les rythmes de " Camping sauvage " et " Partie de campagne " courtisent, avec gourmandise, reggae et chaloupements venus d'ailleurs... Les musiques de fibre populaire révélent parfois d'inattendus cousinages.
Un seul regret : certes il vaut mieux rester sur sa faim que s'enquiquiner à ras bord, mais à l'heure du CD, onze titres pour à peine plus d'une demi-heure, c'est bien court.
Daniel Pantchenko